Les proverbes célèbres (locutions proverbiales)

A - B - C - D - E


1) Acheter chat en poche, ou en sac1

Acheter une chose de confiance, sans l'avoir vue,
et être trompé par le vendeur.


Cette expression traduite du latin, caractérise la simplicité de celui qui achèterait un chat enfermé dans un sac, sans voir de quelle espèce, de quelle robe est l'animal, s'il est beau ou laid, et qui aurait ensuite à se repentir de sa confiance.

1) Emere catulum in sacco


2) A la guerre, comme à la guerre

Il faut savoir supporter la fatigue et les privations, quand la circonstance l'exige.

La phrase complète serait : il faut être patient et résigné à la guerre, comme la circonstance exige qu'on le soit , quand on est à la guerre.

3) Aller au-devant de quelqu'un
avec la croix et la bannière


Faire à quelqu'un un accueil cérémonieux.

Au moyen âge, il était d'usage que le clergé se rendit en procession, avec la croix et la bannière, au-devant des princes qui arrivaient dans une ville, ou des seigneurs qui entraient dans leur fief 2

2) Un fief était une terre donnée par un prince à l'un de ses fidèles compagnons, la propriété était soit temporaire, soit viagère, soit héréditaire. Le détenteur du fief, ou vassal, devait au donateur, ou suzerain, la fidélité et le service militaire.


4) A Pâques ou la Trinité

A une époque incertaine.

Il y a des ordonnances du XIIIe et XIVe siècle, par lesquelles les Roi de France promettaient de rembourser les sommes emprunter par eux, soit à Pâques, soit 56 jours plus tard, à la fête de la Trinité. Après bien des déceptions, les créanciers en arrivaient à ne plus compter sur ces échéances comme sur des échéances certaines.


5) Après lui, ou après cela il faut tirer l'échelle

On ne peut mieux faire.

Cette expression est ordinairement employée avec un sens favorable. Cependant, la signification exacte est celle-ci : On ne peut mieux faire dans le crime. L'échelle en question est celle par laquelle les condamnés montaient au gibet. Quand plusieurs criminels devraient exécutés ensemble, le plus coupable passait le dernier. Après lui, on pouvait tirer ou retirer l'échelle.

6) Après moi le déluge

Peu m'importe ce qui arrivera quand je serai mort.

Ce mot est attribué à la Marquise de Pompadour. Voyant Louis XV attristé par la défaite de Rodbach1 et inquiet au sujet de la monarchie, qu'il sentait devenir impopulaire en France, elle lui dit : Vous avez tort de vous affliger; vous tomberiez malade, et d'ailleurs après nous le déluge.
D'autres attribuent ce mot à Louis XV lui même.


1) Ville de Saxe. Cette défaite, fut infligée, pendant la guerre de Sept-Ans, par Frédéric II roi de Prusse, à l'armée française, commandée par le prince de Soubise (1575).


7) Arriver comme une marée en carême

Se dit d'une chose qui arrive en temps opportun,
au moment où elle es désirée.


Le poisson étant le principal des aliments dont le jeûne quadragésimal prescrit l'usage pendant les trois jours maigres de chaque semaine, la marée est impatiemment attendue, et arrive à propos pour fournir la table de ceux qui observe l'abstinence

On sait qu'un retard dans l'arrivée de la marée fut cause de la mort d'un personnage célèbre dans l'art de la cuisine, Vatel, maître d'hôtel du prince de Condé.



8) Arriver comme Mars en carême

Se dit d'une chose qui arrive à
époques régulières sur laquelle on peut compter.


Le concile de Nicée (787) a décidé que la fête de Pâques serait célébrée le dimanche après la pleine lune qui suit l'équinoxe de printemps (22 mars). Alors même que Pâques serait d'un mois postérieur à cette date, le carême ayant une durée de quarante jours, il y aurait toujours dix jours au moins du mois de mars qui seraient compris dans le carême. Mars est donc infailliblement, pour partie au moins, en carême.

9) A tout seigneur, tout honneur


Il faut rendre à chacun ce qui est dû à sa dignité.



10) Attacher le grelot

Agir le premier dans une entreprise périlleuse.

La Fontaine1 a spirituellement expliqué et appliqué l'expression dans la fable : Le conseil tenu par des rats

Les rats se réunissent en conseil, pour y aviser aux moyens de se préserver de la dent de la griffe de Rodilard. Leur doyen, personne fort prudente, est d'avis qu'il faut attacher un grelot au cou de l'ennemi : de la sorte, qu'on l'entendra toujours arriver. Mais il s'agit d'aller mettre le grelot : personne ne se présente pour tenter l'entreprise.

1) Le plus illustre des fabulistes français, né en 1621, mort en 1695. L'ouvrage sur lequel repose sa réputation est son recueil de Fables, divisé en 12 livres, dont les 6 premiers parurent en 1668, les 6 derniers de 1678 à 1694.



11) Attendez moi sous l'orme

Attendez moi au rendez-vous que vous me donnez.

Au temps de la féodalité, un orme était planté devant la porte du château seigneurial. Sous cet arbre avait lieu les assemblées des habitants, leurs fêtes, leurs danses; sous l'orme, le juge du village rendait la justice. on conçoit que celui qui recevait assignation à comparaître sous l'orme, pour s'y entendre convaincre un délit, soit par le juge même, soit par un adversaire, fût empressé à s'y rendre, et pût dire :

Attendez moi sous l'orme, où vous m'appelez; je n'irai pas.


12) Attendre que les alouettes vous tombent
toutes rôties dans le bec


Se dit d'un paresseux qui attend la richesse
ou le succès sans rien faire pour se les procurer
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13) Au bout du fossé la culbute

On rapporte l'origine de ce proverbe à un usage féodal.

A certains jours de fête, les manants1, pour divertir le seigneur et gagner des prix, franchissaient en sautant un fossé plein d'eau, dont la largeur allait en augmentant.
La chose était facile, tant qu'ils avaient à sauter par dessus la partie étroite ou moyenne du fossé, quand ils arrivaient à la partie large, il y en avait peu que leur élan portât jusqu'à l'autre bord, les autres tombaient dans l'eau, accident désagréable qu'ils avaient pu prévoir et auquel ils s'étaient résignés à l'avance, en le considérant comme fatal.

1) Le mot manant désignait au moyen âge, tout homme ayant une propriété rurale, un manoir. Les bourgeois étaient les habitants des villes, les manants ceux de la campagne. Ce dernier nom a été pris peu à peu par les seigneurs avec une acceptation méprisante, et a désigné un paysan, un homme grossier
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14) Aussitôt pris, aussitôt pendu

Se dit des personnes et des choses au sujet desquelles on prend une décision prompte.

Allusion à la manière expéditive dont la maréchaussée (qui était, dans les siècles précédents, ce qu'est aujourd'hui la gendarmerie) faisait juger les voleurs de grande route par les magistrats qui l'accompagnait toujours, et exécutait les sentences rendues
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15) Avoir de la corde de pendu

Avoir de la chance, être heureux au jeu, dans set entreprises.

Dès l'antiquité, on attribuait des propriétés sanitaires merveilleuses à la corde qui avait servi au supplice ou au suicide d'un pendu. Au moyen âge, outre cette vertu curative, souveraine contre les maux les plus divers, on lui reconnaissait le don de ménager toutes les chances favorables du jeu à celui qui en avait un petit morceau dans sa poche. Une semblable superstition est certes bien ridicule, et il serait difficile de l'expliquer, sinon par cette autre croyance de nos pères :
Ce qui nuit à l'un, duit (est avantageux) à l'autre.
II ne faut donc pas chercher à se procurer de la corde de pendu, comme le font encore nos paysans, ce talisman ne porte pas plus bonheur, qu'il ne porte malheur d'être le treizième à table, même placé sous une solive, ce qui, selon quelques-uns, rend le présage plus funeste encore.



16) Avoir deux cordes à son arc

Avoir plusieurs moyens de se tirer d'une mauvaise affaire,
n'être jamais embarrassé.


On comprend l'avantage qu'aurait un archer qui, n'ayant à manier qu'un arc, pourrait avec deux cordes, décocher deux flèches à la fois, ou, se rompant, se servir de l'autre.


Il est bon d'être fixé sur deux ancres 1 (proverbe latin).

1) Bonum est duabus ancoris niti.



17) Avoir du foin dans ses bottes

Être riche.


Mettre du foin dans ses bottes

Devenir riche.


On a de la peine à se figurer que la longueur des souliers ait jamais été un signe de distinction. Au XIVe siècle, un bourgeois était fier du droit de porter des souliers d'un pied de long, ceux d'un prince n'avaient pas moins de deux pieds et demi. Il fallait, pour que la marche ne fût pas empêchée, que la pointe du soulier fût attachée au genou par une chaîne. Le soulier allait se rétrécissant peu à peu, on dut bourrer de paille ou de foin, pour la soutenir, toute la partie du soulier que la pied ne remplissait pas. Plus une personne était élevée en titre, riche par conséquent, plus ses souliers contenaient de foin. On appelait ces chaussures souliers à la Poulaine (c'est-à-dire souliers à la polonaise, Poulainne étant l'ancien nom de la Pologne). C'est par cette coutume qu'il faut expliquer l'expression : être sur un grand pied. Mettre du foin dans ses bottes n'a pas toujours le sens défavorable de : s'enrichir par des moyens malhonnêtes, que lui attribuent certaines personnes. On le voit par le passage suivant d'une lettre de Voltaire2 : « Vous me mandâtes, » écrit-il à un ami, « que tout le foin de la cavalerie du roi Très-Chrétien (du roi d'Espagne) était soumis à votre juridiction : je souhaite que vous en mettiez dans vos bottes avant de revenir à Paris. »
Une autre interprétation du proverbe, plus vraisemblable, est celle-ci : Avoir du foin dans ses bottes se dirait d'un cultivateur à qui une récolte abondante donnerait des bottes de foin bien remplies, et qui, par conséquent, gagnerait de l'argent.


1) Bonum est duabus aucoris niti.
2) Le plus grand écrivain du XIIIesiècle, né en 1694, mort en 1778.Ses principaux ouvrages sont des tragédies, un poème épique, la Henriade, l’Histoire de Charles XII, roi de Suède, le Siècle de Louis XIV, des œuvres philosophiques et une correspondance très considérable.



18) Avoir la tête près du bonnet

Cire naturellement disposé à des emportements voisins de la folie.

Faut-il croire que les personnes qui, par l'usage des bonnets, se tiennent la tête chaude, sont plus sujettes que d'autres à se mettre en colère ? Mille exemples contrediraient cette opinion. A la cour des Valois, un personnage avait le droit de dire au prince, avec impunité, ses plus dures vérités : c'était le fou. Les fous avaient un bonnet particulier, marque distinctive de leur emploi. Avoir la tête près du bonnet signifie donc : être voisin de la folie. Triboulet, fou de François Ier, disait un jour à son maître ; « Si l'empereur Charles-Quint1 est assez fou pour voyager en France sur la parole de Votre Majesté, qui a tant de raisons de le traiter en ennemi, je lui donnerai mon bonnet (c'est-à-dire, je le déclarerai plus fou que moi).e t s'il voyage, répondit le roi, sans avoir à s'en repentir ? Alors, répliqua Triboulet, je reprendrai mon bonnet pour en faire présent à votre Majesté. »


1) Empereur d'Allemagne et roi d'Espagne, né en 1500, mort en1558. Il fut l'adversaire des rois de France François Ier et Henri II. Il se retira dans un monastère de Saint-Just, en Espagne.


19) Avoir le cœur à la bouche

Parler avec franchise.

Le cœur est considéré figurément comme étant le siège des sentiments, la bouche est l'organe de la parole. Avoir le cœur à la bouche, c'est, en quelque sorte, avoir ses sentiments sur les lèvres, parler ses sentiments, exprimer avec vérité ce qu'on pense. Dans leur langage hiéroglyphique, les Égyptiens figuraient la franchise par un cœur suspendu à un gosier.



20) Avoir maille à partir avec quelqu'un

Avoir une discussion, un différend avec quelqu'un.

Sous les Capétiens, les monnaies étaient : la livre, le sou, vingtième partie de la livre, le denier, douzième partie du sou, la maille, moitié du denier. Or la livre, après avoir eu dans le principe, sous Charlemagne, la valeur d'une livre pesant d'argent
(on comprend qu'alors elle était une monnaie de compte, et non une monnaie courante),
était arrivée, au XVIIIe siècle, à valoir à peine un de nos francs. On voit quel était le peu de valeur d'une maille. Ceux qui prétendaient ensemble à la possession d'une maille ne pouvaient se la partager (tel est le son du vieux verbe par tir) ; ils ne pouvaient que se la disputer. Tel est encore le sens de maille dans l'expression :
N'avoir ni sou ni maille, c'est-à-dire être très pauvre.


21) Avoir ou se mettre martel en tête

Avoir une inquiétude.

Martel était, dans l'ancienne langue française, la forme que prenait marteau employé comme complément. L'inquiétude est comparée à un marteau qui bat dans la tête.


22) Avoir passé l'arme à gauche

Être mort et enterré.

La phrase complète serait : avoir passé (les soldats ayant) l'arme à gauche. Quand des soldats rendent les derniers honneurs à un militaire, ils accompagnent le corps en portant le fusil à gauche, le canon abaissé vers la terre.

23) Avoir plus grands yeux que grand ventre, ou
grand'panse,
ou avoir les yeux plus gros que le ventre


1. Vouloir manger plus que l'estomac ne peut recevoir.
2. Prétendre à des choses qu'on n'est pas en situation d'obtenir.


La fable deFénclon1. Les deux Renard, offre une application de ce proverbe, employé dans le premier sens. Un jeune renard, après avoir fait grand carnage de poules, veut satisfaire son avidité, et crève d'indigestion.


1) Fénelon, prélat français, né en 1651, mort archevêque de Cambrai en 1715. Il fut le précepteur du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV. Ses principaux ouvrages sont le Télémaque, des Fables, la Démonstration de l'existence de Dieu, les Dialogues sur l'éloquence, la Lettre sur les occupations de l'Académie française. Il n'a laissé qu'un très petit nombre de sermons, dont le plus célèbre est le Sermon pour la fête de l'Épiphanie.


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24) Bâtir sur le sable

Commencer une entreprise qui tombera,
faute de reposer sur une base solide.


Les Latins disaient avec un sens analogue :
écrire sur l'eau1,
semer sur des rochers2,
ou dans l'eau3,
ou dans le sable4,

1.) In aqua scribere.
2) In saxis seminare.
3) In aqua sementem facere.
4) Arenæ semina mandare.



25) Brûler ses vaisseaux

S'engager dans une entreprise en s'à tant les moyens de reculer; être résolu à triompher ou à périr.


Les exemples sont nombreux de grands capitaines qui, une fois débarqués en pays ennemi, ont brûlé leurs vaisseaux, pour montrer à leurs soldats que, toute retraite leur étant impossible, il fallait vaincre ou mourir. Les plus célèbres sont le tyran de Sicile, Agathocle, au vie siècle avant J.-C.; le duc de Normandie, Guillaume le Conquérant, en 1066, l'année où il remporta en Angleterre la bataille de Hastings; Fernand Cortez, le conquérant du Mexique, en 1518.

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26) Cela coûte les yeux de la tête

Cela coûte extrêmement cher.


Il n'est pas d'organe qui soit plus nécessaire à l'homme que les yeux, et qui ait pour lui plus de valeur.

27) Cela crève les yeux

Se dit d'une chose qu'il n'est pas possible de ne pas avoir.

La chose entre, en quelque sorte, dans les yeux.
On dit aussi : Cela saute aux yeux.


28) Cela fait venir l'eau à la bouche1

Se dit d'une chose dont l'aspect agréable fait qu'on la désire.

Cette expression s'explique par un phénomène physiologique. A ce que disaient les Romains, la vue ou la pensée d'un mets délicat active la production de la salive ; la bouche alors se mouille. Il faut en croire là-dessus les physiologistes et les gourmets.

1) Salivam movere



29) Cela ne vaut pas les quatre fers d'un chien


Cela n'a aucune valeur.

Un chien en effet n'est pas ferré.


30) Cela sert comme un cautère sur une jambe de bois

Se dit d'une cl/ose tout à fuit inutile.

Un cautère2 est une petite plaie que l'on forme au bras ou à la jambe, en brûlant la peau, et que l'on entretient, pour amener une suppuration et débarrasser ainsi le corps d'humeurs qui seraient nuisibles à la santé. Appliquer ce remède sur une jambe de bois serait évidemment chose inutile. Cette expression est du langage familier.

2 ) D'un verbe grec qui signifie brûler


31) Ce sont gens de même farine3

Ils sont de même espèce; il ne valent pas mieux l'un que l'autre.

3) Sunt ejusdem farinæ




32) Ce sont gens de sac et de corde

Ce sont gens qui méritent d'être noyés ou pendus.

Chez les Romains, les parricides étaient enfermés dans un sac avec un chien, un coq, une vipère et un singe, et jetés dans le Tibre1.Chez nous, au moyen âge, sous le règne de Charles VI, et aussi sous celui de Louis XI, on enfermait dans des sacs ceux qui se rendaient coupable des crimes de rébellion et de lèse-majesté et on les jetait dans la Seine. La corde est l'instrument du supplice de la pendaison.

1) Fleuve d'Italie, qui arrose Rome et se jette dans la mer Tyrrhénienne.



33) C'est de plus fort en plus fort, comme chez Nicolet

Se dit de choses qui provoquent citez ceux qui les voient ou qui les entendent un étonnement toujours croissant.

Locution familière, empruntée au langage du charlatan ou bateleur Nicolet, annonçant aux spectateurs des tours de plus en plus surprenants.




34) C'est jeter des perles à un pourceau

Vouloir faire éprouver à quelqu'un une jouissance physique ou morale qu'il n'est pas capable d'apprécier.

Les Romains disaient : Mettre un âne au milieu des parfums 2 . L'âne n'apprécie pas plus les odeurs fines que le pourceau les perles.


2) Asinus in unguento.


35) C'est la cour du roi Pétaud, c'est une pétaudière

C'est une réunion où règne le désordre, où chacun veut parler en maître

Le mot Pétaud a sans doute été formé d'un verbe latin signifiant demande, d'où mendier. La cour en question serait celle du roi des mendiants (les mendiants formaient au moyen âge, à Paris, une corporation, qui avait son siège dans la Cour des Miracles3); le monarque n'avait pas les moyens de maintenir l'ordre et de faire respecter son autorité parmi des sujets de cette espèce.


3) C'était une place entourée de logis bas et obscurs, aux environs Saint-Denis, entre la rue Saint-Sauveur et l'impasse des Filles-Dieu. On l'appelait ainsi parce que tous les estropiés qui, pendant le jour, étalaient des infirmités aux yeux des Parisiens, les perdaient comme par miracle.

36) C'est la faim qui épouse la soif

Se dit d'un mariage de deux personnes qui sont également pauvres.


37) C'est la mer à boire

Se dit d'une chose qui présente de grandes difficultés.

38) C'est le chant du cygne

La dernière œuvre : d'un homme de génie qui va mourir.

Jamais comparaison ne fut plus fausse. Les anciens mêmes, qui appelaient le plus harmonieux des poètes latins, Virgile1, le cygne de Mantoue, savaient aussi bien que nous que cet oiseau ne chante pas, qu'il a au contraire un cri ranque et sourd; mais le cygne a été si libéralement doué par la nature de beauté, de grâce, de force, de courage, qu'il n'eût pas été, sans la voix, l'oiseau par fait, le favori de la nature qu'ils se plaisaient à voir en lui. Les modernes ont conservé cette fiction; et Buffon2 lui-même se refuse à priver la langue d'une expression poétique et touchante :

" Les anciens ne s'étaient pas contentés de faire du cygne un chantre merveilleux : seul entre tous les êtres qui frémissent à l'aspect de leur destruction. il chantait encore au moment de son agonie, et préludait par des sons harmonieux; à son dernier soupir.... On entendait ce chant lorsque, au lever de l'aurore, les vents et les flots étaient calmés; on avait même vu des cygnes expirant en musique et chantant leurs hymnes funéraires. Nulle fiction, en histoire naturelle, nulle fable chez les anciens n'a été plus célébrée ; elle s'était emparée de l'imagination vive et sensible des Grecs. II faut leur pardonner leurs fables; elles étaient aimables et touchantes.... Les cygnes, sans doute, ne chantent point leur mort; mais toujours, en parlant du dernier essor et des derniers élans d'un beau génie prêt à s'éteindre, on rappellera avec sentiment cette expression touchante :
C'est le chant du "Cygne. "


1) Virgile, le prince des poètes latins, né en 70 ou 69, mort en 19 avant J.-C. Ses œuvres sont les Bucoliques, poésies pastorales les Géorgiques, poème sur l'agriculture, l'Enéide, grand poème national, qui devait rappeler les origines de Rome.

2) Buffon, illustre naturaliste et écrivain français, né en 1707, mort en 1788. Son Histoire de la nature comprend vingt-neuf volumes. Quinze volumes sont consacrés à la théorie de la terre, à l'histoire le l'homme et des quadrupèdes ; neuf à l'étude des oiseaux; cinq à celle des minéraux.




39) C'est le chien de Jean de Nivelle, il s'enfuit quand on l'appelle

Se dit d'une personne qui s'enfuit, d'autant plus obstinément quand on l'appelle plus souvent.

Voici, parmi les explications données de cette expression, la plus généralement adoptée. Jean de Montmorency, seigneur de Nivelle1, s'étant emporté dans une discussion jusqu'à donner un soufflet à son père, fut cité devant le Parlement, et appelé, selon l'usage, à son de trompe. Plus on l'appelait, plus il se hâtait de courir vers sa ville flamande de Nivelle, pour s'y mettre en sûreté. Le peuple, plein d'horreur pour son crime, l'aurait traité de chien. Le proverbe devrait donc être ainsi corrigé : C'est ce chien de Jean de Nivelle...
Dans ces vers :
Une traîtresse voix bien souvent vous appelle
Ne vous pressez donc nullement.
Ce n'était pas sot, non, non, et croyez m'en,
Que le chien de Jean de Nivelle.
La Fontaine2 semble avoir cru qu'il s'agissait d'un véritable chien qui, souvent battu par son maître, croyait plus sage de s'enfuir, quand celui-ci l'appelait.

1) Ville de Belgique, province de Brabant.


40) C'est le pot de terre contre le pot de fer

(LA FONTAINE2) C'est un faible, qui veut lutter contre un plus fort, et qui sera brisé.


41) C'est le ton qui fait la chanson.

(LA FONTAINE2) C'est un faible, qui veut lutter contre un plus fort, et qui sera brisé.

C'est la manière de dire une chose qui dénote l'intention de celui qui la dit.

2) Le plus illustre des fabulistes français, né en 1621, mort en 1695. L'ouvrage sur lequel repose sa réputation est son recueil de Fables, divisé en 12 livres, dont les 6 premiers parurent en 1668, les 6 derniers de 1678 à 1694.


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42) C'est l'œuf de Colomb1

Se dit d'une chose que l'on n'a pu faire, et qu'on trouve facile, une fois qu'elle a été faite.

En lisant attentivement les ouvrages des anciens, en les comparant aux écrits des voyageurs du moyen âge, en faisant des calculs fondés sur la forme sphérique de la terre, Christophe Colomb pensa qu'on naviguant vers l'ouest, on rencontrerait des terres et des îles placées par les voyageurs à l'est de l'Asie. Il aborda, non à l'extrémité de l'ancien continent, mais, sans le savoir encore, à des îles dépondant d'un continent nouveau (1492). Des curieux lui objectèrent que rien n'était plus aisé que d'avoir découvert le Nouveau-Monde. « Vous avez raison, dit-il; je me glorifie moins de la découverte, que du mérite d'y avoir songé le premier. » Prenant ensuite un œuf, il leur proposa de le faire tenir sur sa pointe. Aucun ne put y parvenir. « La chose n'est pourtant pas difficile, » reprit Colomb ; et il fit tenir l'œuf sur sa pointe, qu'il aplatit en le posant. « Oh ! s'écrièrent-ils alors ; rien n'était plus facile. Sans doute, mais seul j'ai trouvé le moyen. »

1) Christophe Colomb, né à Gênes, en 1435 ou 1441, mort en 1506. Après avoir, dans ses deux premiers voyages, reconnu les grandes et les petites Antilles, il atteignit le continent, à son troisième voyage. En butte aux attaques de l'envie, il ne fut pas défendu même par le roi Ferdinand le Catholique, auquel il avait donné un si vaste empire, et mourut dans le dénuement et le chagrin.



43) C'est saint Roch et son chien

Ces deux personnes sont toujours ensemble.

Saint Roch (XIIIe siècle) est toujours représenté accompagné d'un chien. S'étant dévoué à soigner les pestiférés, il fut atteint par la contagion, et, pour n'être à charge à personne, il se retira dans une solitude. II y fut découvert par le chien d'un gentilhomme nommé Gothard, qui le fit soigner. L'animal devint son compagnon.


44) C'est une cinquième roue à un carrosse

C'est un homme qui n'est utile en rien.

45) Changer son cheval borgne contre un aveugle

1° Changer une position médiocre pour une autre, qui est pire.
2° Remplacer, dans un emploi, une personne d'un mérite médiocre par une autre, qui est absolument incapable.



46) Chanter pouille ou pouilles à quelqu'un

Faire une mauvaise querelle à quelqu'un, l'injurier.

Le mot pouilles est dérivé de pouil, ancienne forme de pou. Chanter pouilles à quelqu'un, c'est dire et redire à quelqu'un qu'il a des poux. On dit avec le même sens : Chercher des poux à la tête à quelqu'un.

47) Chercher à tondre sur un œuf

Se dit d'un avare qui cherche des profits, là même où il n'
y a. pas à en faire.


48) Chercher midi à quatorze heures

Chercher des difficultés où il n'y en a pas; compliquer une explication qui pourrait être simple.

Autrefois, et encore au siècle dernier, en Italie, d'après le président de Brosses, au lieu de compter douze heures de jour et douze heures de nuit, on divisait le jour en 24 heures. La première heure était celle qui suivait le coucher du soleil ; midi arrivait douze heures après. Or, le soleil se couchant, dans nos pays, selon les saisons, depuis quatre heures jusqu'à huit heures, il ne pouvait être midi qu'entre 17 heures et 21 heures exclusivement; mais jamais il ne pouvait être midi à quatorze heures. Les Romains disaient : Chercher un nœud dans un jonc '. être midi qu'entre 17 heures et 21 heures exclusivement; mais jamais il ne pouvait être midi à quatorze heures. Les Romains disaient : Chercher un nœud dans un jonc1.

1) In scirpo nodum quœrere.

49) Chercher une aiguille dans une botte de foin

Chercher une chose difficile à trouver.

50) Commander à la baguette

Commander d'une manière impérieuse, en homme à qui rien ne doit résister.

Cette expression peut s'expliquer soit par la baguette magique que l'on prête, dans les contes, aux personnages fantastiques, comme signe de leur puissance, soit par ce fait que les verges des licteurs romains, le cep de vigne des centurions, chez nous, le bâton des maréchaux de France est l'insigne de l'autorité exercée ou déléguée. C'est par la première explication qu'il faut interpréter cette autre expression : Être servi à la baguette, c'est-à-dire promptement, comme un génie qui n'a qu'à étendre sa baguette pour être obéi.

51) Coudre la peau du renard à celle du lion

Employer la ruse, là où la force ne réussit pas.

On reprochait au Lacédémonien Lysandre1, qui se prétendait issu d'Hercule, d'employer trop souvent la ruse, moyen indigne de ce héros : II faut, " répondit-il, en faisant allusion au lion de Némée2, tue par Hercule, " coudre la peau du renard où manque celle du lion. "

1) Général qui se distingua dans la guerre de Péloponnèse, entre Sparte et Athènes, au Ve siècle avant J.C.

2) Ville de l'Argolide, contrée de la Grèce ancienne. Ce lion ravageait le pays : Hercule seul put le vaincre. Reconnaissants de ce service, les habitants de Némée célébraient tous les quatre ans, en l'honneur d'Hercule, des jeux publics, dits Néméens.


52) Coup de Jarnac

Manœuvre imprévue, habile, mais peu loyale.

En 1547 les seigneurs de Jarnac et de La Châtaigneraie se battirent en duel devant le roi Henri II. La Châtaigneraie était renommé pour sa force à l'épée; Jarnac avait été affaibli par une maladie. L'issue du combat fut autre qu'on ne l'attendait. D'un coup d'épée, que lui seul connaissait, cl qu'il ne manquait jamais. Jarnac fendit le jarret à son adversaire. Le coup était habile, mais on le jugea peu chevaleresque. De là vient que l'expression est employée en mauvaise part.

53) Couper le nœud gordien

Supprimer par un moyen violent une difficulté que l'on ne peut résoudre par la patience et l'habileté.

Le laboureur Gordius ayant été salué roi de Phrygie 1 par ses concitoyens, au moment où il rentrait à la ville monté sur son chariot, son fils Midas consacra ce chariot dans le temple de Jupiter 2. Le nœud qui attachait le joug au timon était fait si adroitement, la lanière de cuir faisait tant de tours et de détours, qu'on ne pouvait découvrir où il commençait ni où il finissait. Un oracle avait promis l'empire de l'Asie à celui qui déferait ce nœud. Dans sa marche victorieuse à travers l'Asie Mineure, Alexandre passa à Gordium et alla voir le char. Après avoir essayé longtemps, en vain, de dénouer le nœud:
« Peu importe, dit-il, la manière de le défaire ; » et il le trancha d'un coup d'épée.

1) Contrée de l'Asie Mineure des anciens.
2) Le roi des dieux dans la mythologie des Grecs et des Romains


. 54) Couper l'herbe sous le pied à, quelqu'un

Le supplanter.

C'est faire à quelqu'un le tort que l'on ferait à un animal eu train de paître, si l'on coupait l'herbe sous lui, pour l'empêcher de la manger.

55) Croquer le marmot

S'ennuyer à attendre longtemps.

On appelait marmots les figures grotesque.-qui ornaient le . marteau des portes. Lorsqu'un vassal2 se présentait chez son suzerain pour lui rendre hommage, et qu'il ne pouvait le voir, après une longue attente, il lui était permis de murmurer au marteau, au marmot de la porte, la formule d'obéissance. L'acte d'approcher les lèvres du marmot, de paraître le baiser, aura donné naissance à notre expression. Ne dit-on pas en effet : manger de baisers un petit enfant?. Croquer est une forme vulgaire et plaisante de l'idée de manger.

1) Roi de Macédoine, fils de Philippe, conquérant de l'Asie. Il mourut à Babylone, à l'âge de 33 ans, en 323 avant J.-C.

2) Un fief était une terre donnée par un prince à l'un de ses fidèles compagnons, la propriété était soit temporaire, soit viagère, soit héréditaire. Le détenteur du fief, ou vassal, devait au donateur, ou suzerain, la fidélité et le service militaire.


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56) Demander la lune

Demander une chose impossible.

57) Dépouiller le vieil homme

Se défaire de ses vieilles habitudes.

Cette expression est souvent employée dans l'Écriture avec le sens de changer de vie, dépouiller sa nature corrompue par le péché, pour se faire comme une âme nouvelle et pure de toute souillure. Dans les premiers temps du christianisme, les païens nouvellement convertis, ou néophytes (littéralement : nouvellement nés) portaient pendant huit jours des vêtements blancs neufs. Un autre proverbe dit : On ne dépouille pas tout à fait le vieil homme. C'est-à-dire qu'il est impossible de refaire sa nature si complètement que, dans la vie nouvelle, on n'apporte avec soi aucun reste de ses penchants antérieurs.


58) Disputer sur la pointe d'une aiguille

Discuter sur une chose petite, sanas importance, qui n'en vaut pas la peine.

Les Grecs disaient : Disputer sur l'ombre d'un âne. Une historiette racontée aux Athéniens par Démosthène1 avait été l'origine de cette expression.

L'OMBRE DE L'ANE.

Démosthène parlait pour un homme accusé d'un crime capital. Les juges ne l'écoutant pas, il interrompit sa plaidoirie. " Un voyageur, dit-il, allait d'Athènes à Mégare sur un âne qu'il avait loué. Vers le milieu du jour, ne pouvant résister à la chaleur du soleil, il descendit de sa monture, s'assit et se rafraîchit à son ombre. L'ânier, qui l'accompagnait, prétendit que la place lui appartenait, qu'il avait loué l'âne, mais non l'ombre de la bêle. La dispute s'échauffa, et l'on en vint aux coups ; enfin l'affaire fut portée devant les magistrats. » A ce moment Démosthène s'arrêta; et comme les Athéniens, dont la curiosité était excitée au plus haut point, lui demandaient, avec des cris, quelle avait été la sentence des juges. « Eh quoi! reprit Démosthène, vous donnez toute votre attention à une dispute sur l'ombre d'un due, et vous la refusez à une cause dans laquelle la vie d'un homme est en jeu ! »


1) Le plus grand des orateurs grecs, illustre surtout par le courage et la persévérance avec lesquels il chercha à défendre la Grèce contre l'ambition des rois de Macédoine, Philippe et Alexandre. Pour ne pas tomber aux mains du successeur d'Alexandre en Macédoine, Antipater, il s'empoisonna en
(322 avant J.-C.).


. 59) Donner du fil à retordre à quelqu'un
Donner à quelqu'un une tâche difficile, qu'il ne fera pas sans peine.

Retordre le fil, c'est faire une petite corde avec plusieurs brins de fils. Or, pour faire celle opération, il faut tourner les fils dans le sens inverse de celui où ceux-ci ont été tourné quand ils ont été filés. Les brins résistent à ce mouvement, et font effort pour tourner sur eux-mêmes, et non dans le sens opposé qu'on veut leur faire prendre. L'opération qui consiste à retordre le fil est donc une opération difficile.

60) Dorer la pilule à quelqu'un
1) Amener quelqu'un, par des paroles flatteuses, à faire une 'chose qui lui déplaît.

2) Envelopper de paroles flatteuses un refus que l'on fait à quelqu'un.


Chacun sait que les pharmaciens revêtent souvent d'une-couche d'or ou d'argent les substances amères ou nauséabondes qu'ils préparent pour être prises sous forme pilules. Ce médicament est ainsi plus agréable à l'œil et ne communique pas sur le champ son mauvais goût au palais.

62) Du temps où la reine Berthe filait

Dans le bon vieux temps.

Dans le temps on les reines ne croyaient pas s'abaisser en se livrant aux travaux du ménage. Un poème du moyen âge appelle la Filandière ou la Fileuse, Berthe, mère de Charlemagne. C'est sans doute le nom de cette princesse qui figure dans le proverbe. On emploie cette expression quand on veut dire avec regret que le temps passé valait mieux que le temps présent, qu'il y avait chez nos pères plus de simplicité, de sagesse et de vertu que chez nous. Les contemporains d'Horace2 vantaient aussi le bon vieux temps, et le poète leur montrait que ces regrets étaient affectés.

Vous louez sans cesse la simplicité et les mœurs du vieux temps, et si un dieu voulait tout à l'heure vous y reporter, vous le prieriez de n'en rien faire3


2) Très célèbre poète latin (64-7 avant J.-C.). Il a laissé des Odes, des Satires, des Epitres, dont l'une, l'Art poétique, recueil de préceptes à l'usage des poètes, est un chef-d'œuvre de goût et de raison.
3) ……………………………………..Laudas
Fortunam et mores antiquæ plebis, et idem,
Siquis ad illa deus subito te agat, usque recuses.


61) Dormir sur les deux oreilles

Dormir d'un sommeil profond et tranquille.

Cette expression est une mauvaises traduction d'un proverbe latin correspondant. Les Latins disaient : dormir sur celle des deux oreilles que l'on veut1, c'est-à-dire, dormir aussi bien, couché sur le côté gauche, que couché droit, et ils appliquaient l'expression à un homme débarrassé de toute crainte, de tout souci. Le français n'ayant pas d'adjectif pour rendre, sous une forme brève, l'adjectif qui signifie en latin : n'importe lequel des deux, l'a traduit par les deux, ce qui présente une impossibilité physique et un sens absurde

1) Iu utramvis aurem dormire.


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63) Employer toutes les herbes de la Saint-Jean

Employer pour réussir les meilleurs moyens possibles.

C'était chez nos aïeux une croyance superstitieuse que certaines herbes cueillies le jour de la Saint-Jean, entre le lever de l'aurore et le lever du soleil, avaient des vertus merveilleuses, elles pouvaient non seulement guérir, prévenir môme les maladies, mais préserver d'un grand nombre de dangers, de la foudre, de l'incendie, des maléfices des sorciers, etc. Employer toutes les herbes de Saint-Jean, c'était user des moyens les plus puissants que l'on connût pour assurer le succès de l'entreprise.

64) Enfermer le loup dans la bergerie.

Employer pour réussir les meilleurs moyens possibles.


65) En parlant du loup, on en voit la queue
Se dit quand une personne, de laquelle on parle, survient inopinément.

Dans la fable de La Fontaine2, le Loup, la Mère et l'Enfant, une mère menace son enfant qui crie. Le Loup, toujours en quête d'une bonne provende (provision de bouche), passe à propos et se tient prêt. C'est peut-être cette fable, dont l'idée est ancienne, qui a donné naissance au dicton. Mais pourquoi est-ce la queue et non la tête de l'animal que l'on voit, quand on parle do lui ? On sait que le loup, sauf quand il est pressé par la faim, ne se laisse guère voir en face, c'est son allure timide et fuyante que nos pères ont voulu figurer dans le proverbe. Il faut remarquer que cette expression est d'un emploi familier, qui même implique peu de considération pour la personne ainsi comparée. Si l'on veut être gracieux, il faut dire :
Quand on parle de la rosé, on en voit les boutons, ou :
Quand on parle du soleil, on en voit les rayons.,

2) Le plus illustre des fabulistes français, né en 1621, mort en 1695. L'ouvrage sur lequel repose sa réputation est son recueil de Fables, divisé en 12 livres, dont les 6 premiers parurent en 1668, les 6 derniers de 1678 à 1694.

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