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Monument de Stanislas LESZCZYNSKI roi de Pologne duc de Lorraine et de Bar 1737-1766 |
Du XIIe au XVIe,
Nancy, autrefois capitale de la province de
Lorraine, a été une place forte, tour à tour attaquée
et défendue avec courage. Après cette première période, elle est devenue une cité artiste et savante, aujourd'hui elle semble se reposer sur ses souvenirs
de hauts faits d'armes et d'œuvres d'arts. Beaucoup d'autres villes de France sont dans ce même état d'existence douteuse de demi sommeil,
fières de leur passé incertaines leur avenir, pour la plupart elles paraissent, du moins extérieurement, ennuyées de leur présent,
impatientes d'une métamorphose, elles souffrent de leur solitude, de leur silence.
Nancy n'est pas tombée à ce degré mélancolique, lorsqu'on parcours certaines parties de la ville, on croirait volontiers être transporté dans une de ces cités anglaises ou américaine, alignées, décorées, avec une netteté si rigoureuse, et qui semble particulièrement construites pour une noblesse un peu déchue, ou pour une opulente bourgeoisie. Nous croyons que ce caractère se découvre surtout dans la vue de la place Royale de la Carrière, que représente cette gravure. ![]() La place Royale de la Carrière (1834)
Nancy ne renferme guère d'autres établissements industriels que des fabriques de drap, d'étoffes, de broderies, on y a établi, il ya environ 8 ans, une école forestière, et l'on remarque aux environs la ferme modèle de Roville dirigée par M. Mathieu de Dombasle, et le haras de Rosière. Au XIe siècle, sur l'emplacement actuel de Nancy , on ne voyait qu'un château fortifié et un village, les maisons s'ajoutant et et croissant en nombre rapidement, on construisit des remparts que Raoul sut rendre redoutables. En 1218, la ville fut brûlée par le comte de Bar et la comtesse de Toulouse. En 1475 et 1477, Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, assiégea Nancy, au second de ces sièges, la ville, épuisée par la famine, eût été infailliblement prise et ruinée sans le secours de René II, qui avait été reconnu duc de Lorraine en 1475, à la mort de Nicolas d'Anjou mort sans postérité. Un auteur raconte en ces termes la délivrance de Nancy :
Ce fut le 5 janvier 1477 que la bataille se donna, les assiégés avaient été avertis, de l'arrivée de
René, par un fanal allumé sur les tours de Saint-Nicolas.
Le duc de Bourgogne était placé au centre de son armée, où est aujourd'hui Bon-Secours,
sa droite du côté de la Malgrange, et sa gauche appuyée sur la rivière de la Meurthe. L'avant garde de René, composée de 7000 hommes d'infanterie et de 2000 chevaux, s'avança dans le bois de Jarville et pris les ennemis, en même temps quand un second corps de Suisses et d'Allemands, disposé comme le premier, attaquait l'aile gauche, René fut conjuré par ses capitaines de ne point exposer sa vie : " J'étais disposé, dit-il, à suivre vos conseils, mais je n'attendais pas celui-là."
et il commença la marche. L'armée bourguignonne ne put résister an choc impétueux des Lorrains, des Suisses, et de la garnison de Nancy,
qui prit part à l'action.
Charles le Téméraire fondit à plusieurs reprises, et se jeta en désespéré au plus fort de l'action,
mais, entraîné par les fuyards il termina sa carrière dans les marais
de l'étang Saint-Jean. Les bourgeois reçurent René avec des transports de joie, ils avaient
amoncelé sur son passage les ossements des animaux qu'ils avaient dévorés pendant le siège.
Un obélisque a été élevé à la place même où fut tué Charles le Téméraire. En 1605, auprès de la vieille ville de Nancy, on traça les plans de ville neuve, qui fut bâtie par les soins de Charte III. Pendant la seconde période de l'histoire de Nancy, on remarque parmi les hommes célèbres auxquels elle a donné naissance :
Les embellissement qui distingue aujourd'hui Nancy, sont principalement dus à Léopold et à Stanislas Leczinski, qui ont laissé, comme le plus grand nombre des ducs de Lorraine, des souvenirs précieux de justice et de bonté. Léopold, successeur de Charles V, en 1675, régna trente ans. Il fit élever le palais de Nancy, la Primatiale, Saint-Sébastien, la Malgrange, les châteaux de Lunéville et de Linville, des fontaines, etc. Le 8 février 1702, une académie de peinture et de sculpture fut établie dans la ville. Sous Stanislas, qui régna depuis 1737 jusqu'en 1766, on fonda la bibliothèque publique et le jardin botanique, on construisit l'Arc de triomphe ou porte Royale, la place Royale, la place d'Alliance, la porte Stanislas, etc..On éleva à Louis XV une statue, qui a été depuis remplacée par celle de Stanislas. Homme pacifique et bienfaisant, élu deux fois roi de Pologne et deux fois détrôné, jeté, malgré lui, à travers les débats politiques de la Russie, de l'Allemagne el de la France, arrivant enfin à une vie tranquille dans ses duchés de Lorraine et de Bar, et y mourant de la manière la plus tragique. Le 5 février 1766 (et non le 23), comme il s'approchait d'une pendule placée sur une cheminée de son appartement, le bas de sa robe de chambre, faite en fourrure, prit feu. Stanislas sonna, la fatalité voulut qu'aucun domestique ne fût à son poste, alors il chercha lui-même à éteindre le feu, mais en se baissant perdit l'équilibre, tomba sur le brasier, et ne pouvant se relever, resta dans cette horrible position. Le garde du corps, placé à la porte de ion appartement fut bientôt frappé d'une odeur extraordinaire, il soupçonna un événement tragique, mais sa consigne lui défendait d'entrer chez le roi !. Il appelle, on ne l'entend point il redouble ses cris, on vient enfin, on se précipite dans l'appartement, on retire Stanislas. Malheureusement il était trop tard, tout un côté de son corps était brulé, l'une de ses mains était calcinée, après dix sept jours de souffrances il expira. Les cendres de Stanislas reposent dans la chapelle de Bon-Secours, érigée a l'extrémité du faubourg Saint-Pierre, celles de Catherine, Opalinska, son épouse, et le cœur de sa fille, reine de France, y sont aussi renfermés. Après sa mort, la Lorraine fut complètement réunie à la France à titre de province. Jusqu'à cette époque elle avait été duché indépendant, et avait été gouvernée successivement par les princes de la maison de Lorraine, de la maison d'Anjou, et de la branche de Lorraine Vaudémont. |
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