La Tour de Montlhéry (Seine et Oise)

Débris d'une forteresse qui date de Hugues Capet, cette tour a 98 pieds de hauteur.

Un procès verbal dressé en 1547 en donne la description suivante :
« Au bout de la cour est le donjon dudit château, de pierre de Gressières de seize pieds en carré. Par dedans œuvre, les murs ont neuf pieds par bas, six, cinq, quatre, par haut, d’épaisseur. Le premier et le deuxième étage de la dite tour ou donjon sont voûtés en dedans et dans le premier étage est un moulin à bras, trois enrayures de charpente par le haut, le comble de charpenterie couvert en ardoises et en plomb et garni de mardelles et allées au pourtour ». 

Boileau montre la Nuit qui hâtant son retour,
Déjà de Montlhéry voit la fameuse tour ;

Et il ajoute, pour décrire l'effet du donjon :

Ses murs, dont le sommet se dérobe à sa vue,
Sur la cime d'un roc s'allongent dans la nue,
Et, présentant de loin leur objet ennuyeux,
Du passant qui le fuit semblent suivre ses yeux,
Mille oiseaux effrayants, mille corbeaux funèbres,
De ces murs désertés habitent les ténèbres.
 
A la tour du donjon se trouve accolée une tour d'une dimension moindre, et qui contient l'escalier aujourd'hui inaccessible.
L'histoire du château de Montlhéry se rattache à celle des premiers rois de France.
Thibaut File-Étoupe paraît avoir été le premier seigneur de Montlhéry,
il obtint du roi Robert l'autorisation de le fortifier.


La position réellement formidable du château inspirant d'assez vives alarmes au roi Philippe 1er pour qu'il désirât en assurer la propriété dans sa maison, il négocia l'union de la fille de Guy de Trousselle, seigneur de Montlhéry, dont il redoutait le caractère turbulent, avec son fils naturel Philippe, auquel il donna la ville de Mantes, réservant au dauphin Louis la garde du château de Montlhéry, dont les revenus devaient appartenir à Philippe de Mantes et à Élisabeth sa femme, mais la famille de Trousselle pouvait un jour réclamer Montlhéry, et l'idée qu'il serait peut être alors forcé de céder à de telles prétentions tourmentait le roi Philippe.

Il rechercha donc l'assistance de Guy de Rochefort, croisé célèbre qui jouissait d'un grand crédit parmi les seigneurs, et Louis demanda sa fille en mariage. La paix qu'il obtint à ce prix dura peu cependant, et Guy de Rochefort, à la prière du roi, eut à combattre quelque temps après les seigneurs mécontents, qui tentèrent de s'emparer de Montlhéry.

Après la mort de Philippe 1er, la comtesse Bertrade contesta la possession de Montlhéry à Louis le Gros. Elle en investi Hugues de Crécy, fils de Guy de Rochefort. Le roi se défendit dans le château, qu'assiégeaient des forces considérables. Craignant toutefois d'être vaincu, et pour sauver da dignité, il fit reconnaître Milon de Braie, vicomte de Troyes, pour seigneur de Montlhéry. Hugues se retira, forcé d'ajourner la conquête de Montlhéry. Dans la suite, il étrangla lui-même Milon de Braie, qui était tombé en son pouvoir. Condamné à se purger par le duel de l'accusation porté contre lui, Hugues confessa son crime, se retira dans un monastère et le château de Montlhéry retourna au domaine du roi.

Les seigneurs, mécontents des dernières volontés de Louis VIII à l'égard de Blanche de Castille, se liguèrent pour renverser la régence Thibaut, comte de Champagne, abandonna le parti des mécontents, et défendit Blanche. Les seigneurs entrèrent alors en arrangement.
La tour de Montlhéry


C'était en 1227. L'année suivante, la ligue reparut plus menaçante. Louis IX et la régente furent attaqués à leur retour d'Orléans par une troupe de confédérés, et se réfugièrent dans la tour de Montlhéry. A la nouvelle de cet évènement, les Parisiens se répandirent dans la campagne, le roi et la régente furent délivrés, et la confédération rompue. Montlhéry fut alternativement occupé par les deux factions qui, sous Charles VI organisèrent la guerre civile, les Armagnacs et les Bourguignons. Le duc de Bethfort, qui se décorait du titre de régent de France, était maître de Montlhéry en 1423. Lorsque la politique de Louis XI, qui consistait à humilier les seigneurs et à les dépouiller de leurs privilèges, eut soulevé contre lui les plus grands vassaux, le duc de Charolais se mit à la tête de la Ligue du bien public et s'avança jusque sous les murs de la capitale. Son quartier général était à Montlhéry. Louis XI, à cette nouvelle, quitta Orléans et attaqua les Bourguignons dans la plaine de Longpont, le 16 juillet 1465.

3500 hommes restèrent sur le champ de bataille. Après le combat, le roi excédé de fatigue, se reposa dans le château de Montlhéry. Le bruit s étant répandu dans son camp qu'il était mort, les seigneurs abandonnèrent leur position, qui fut occupée par les Bourguignons. Cependant le roi revint à Paris le 18, et entra en arrangement avec les mécontents : le traité de Conflans termina la guerre. Les Bourguignons furent enterrés dans un cimetière qui porte le nom
« le cimetière des Bourguignons ».
La mort d'Henri III appelait au trône Henri de Navarre. Une partie des seigneurs refusa de le reconnaître, parce qu'il était calviniste. De là les guerres de la Ligue, pendant lesquelles fut détruit, à l'exception du donjon, le château de Montlhéry. Depuis, on pourrait croire qu'il existe une sorte de convention pour respecter ce qui reste encore du château.

En effet, par les terres patentes de 1605, le sieur de Bellejambe obtint l'autorisation de démolir les murs du château de Montlhéry pour construire sa maison de Bellejambe, située à une lieue de Montlhéry, mais il lui était expressément défendu de toucher à la tour du donjon.

Pendant la terreur, il fut question de démolir ces vieilles ruines entachées de souvenirs féodaux. La famille de Noailles, assure-t-on dans le pays, se rendit adjudicataire de ce simulacre de château dans un but de conversation.


Source le Magasin Pittoresque 1834 Tom 2
 

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Copyright Guy JOLY
date de modification : mai 2010