L'Église de la Madeleine, élevée au nord et dans l'axe de la place de la Concorde, a éprouvé bien des vicissitudes avant d'atteindre le terme d'achèvement. |
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![]() ![]() Place de la Concorde vers 1920-1930 |
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Ce n'était d'abord qu'une chapelle de confrérie, dont Charles VIII posa la première pierre en 1493.
Cette chapelle, érigée en paroisse en 1639, devint bientôt trop petite pour la population croissante de ce faubourg :de sorte qu'en
1660, Anne-Marie-Louise d'Orléans, princesse souveraine de
Dombes, posa la première pierre de l'église plus grande, qui a subsisté au coin des rues de
Surêne et de la Madeleine, jusqu'en 1795, époque à laquelle cette église a été vendue
comme domaine national, démolie et convertie en chantiers.
Longtemps avant cette démolition, le curé de la Madeleine, ne cessait de faire observer que son église, trop petite, ne pouvait contenir le quart de ses paroissiens, en effet, le faubourg Saint-honoré, fut en peu de temps percé de rues nouvelles, et couvert de nombreuses maisons et d'hôtels considérables. On fut longtemps à répondre aux vœux du curé de la Madeleine,, cependant M. Contant-d'Ivry, architecte du roi, fut chargé de faire des projets : il en présenta plusieurs, et il se plaignit lui-même de ce qu'on avait choisi le plus mauvais. Ses confrères lui firent remarquer à cet égard qu'il n'eût dû en présenter aucun qui fût mauvais. Néanmoins la première pierre en fut posée et bénite le 3 avril 1764, et on travailla avec activité à cette église jusqu'à la mort de M. Contant-d'Ivry, (1er octobre 1777). Après M. Contant, M. Couture, aussi architecte du roi, eut ordre de continuer l'édifice, mais le plan du premier architecte ne convenait pas à son successeur. M. Couture eut l'ambition-de reproduire, à Paris, le Panthéon d'Agrippa, qu'il ne connaissait que par tradition. Pour se pénétrer davantage des belles proportions de cet antique monument et de la richesse de son architecture, il entreprit, en 1780, un voyage à Rome, où il fit dessiner et mouler, sur le Panthéon, tout ce qu'il voulait imiter. Muni de ces matériaux, et de retour à Paris, cet architecte fit démolir la plus grande partie des constructions élevées par M. Contant. Le plan qu'il exécuta jusqu'à l'astragale des colonnes extérieures, présentait un portail semblable à celui d'aujourd'hui, composé de huit colonnes de front, et six en retour seulement sur chaque face latérale, s'arrêtant à la croisée du dôme. ![]() l'Église de la Madeleine (le Magasin Pittoresque 1834) Les difficultés qu'éprouva M. Couture pour élever ce dôme de 60 pieds de diamètre, lui parurent invincibles; il fit nombre de projets, quantité de modèles en relief, des essais en nature, jusqu'à mettre des massifs de fonte au centre des quatre piliers du dôme construits en pierre, tous ces essais infructueux furent blâmés, reconnus impraticables par les commissaires de l’art nommés à cet effet, ils dénotaient le peu d'expérience de l'auteur dans l'art de bâtir. La révolution de 1789 mit un terme à ces irrésolutions et arrêtant tous les travaux. Ces diverses constructions, abandonnées sans précautions de conservation, devinrent bientôt des ruines couvertes de mousse et de plantes parasites. Un pré se forma dans l'intérieur, et les chèvres y paissaient : les artistes voyaient avec peine se détruire des constructions qui avaient déjà coûté deux millions. Chacun d'eux cherchait à les utiliser par nombre de projets, comme une salle du corps législatif, en stade couvert, un théâtre, une bibliothèque, un marché, etc. Le ministre de l'intérieur, M. de Champagny, pour fixer les idées de ces artistes, leur adressa, en mai 1806, un programme d'un musée à établir sur les constructions de la Madeleine, il reçut beaucoup de projets sur ce programme, mais il n'y donna aucune suite. Napoléon, qui voulait éterniser ses victoires, ses généraux et sa grande année, rendit, au camp de Posen, le 2 décembre 1806, un décret impérial pour élever, sur les constructions commencées, et en les conservant le plus possible, un Temple de la Gloire. Le temple devait être décoré des statues des maréchaux de France et des plus grands généraux dans les murailles devaient être incrustées des tables d'or, d'argent, de bronze et de marbre, couvertes d'inscriptions à la mémoire des actions d'éclat. Le programme fut aussitôt mis en concours. Les artistes de Paris et de toutes les villes de France s'empressèrent d'y prendre part, on ne vit jamais un concours plus riche et plus nombreux, quatre-vingt-douze projets furent exposés publiquement dans la grande galerie du Muséum pendant plusieurs semaines, la section d'architecture, deux peintres, deux sculpteurs, un graveur, et le bureau de la classe des beaux-arts de l'Institut, furent les juges de ce concours. L'étude, le classement de tant de projets, l'examen des devis demandés qui y étaient joints (chacun était de trois millions), exigèrent de nombreuses séances de ce jury. Le 28 mars 1807, le jugement fut prononcé; il accordait, le prix d'exécution au projet de M. Beaumont, architecte du tribunal; trois accessits à MM. Vignon (Pierre), Gisors et Peyre-Neveu, avec fortes récompenses. Six projets furent récompensés d'indemnités, et onze furent mentionnés honorablement : en tout, vingt et une nominations. Ce jugement fut adressé à Napoléon, mais avant de le confirmer, l'empereur voulut voir les quatre projets placés en première ligne. Ces dessins, quoique très volumineux, lui furent adressés au camp de Tilsitt; il les examina attentivement; et, sans égard au programme qui avait gêné, les architectes par l'obligation de s'assujettir à la conservation des anciennes constructions, l'empereur préféra le projet de M. Vignon, qui ne conservait aucune des constructions, à celui de M. Beaumont, qui avait complètement et heureusement rempli toutes les conditions du programme. L'empereur trouvait que le plan de M. Vignon, adoptant la forme de temple grec, satisfaisait plus que tous les autres à l'idée de grandeur et de magnificence qu'il s'était formé et qu’il voulait imprimer à ce monument, en élevant à la gloire de ses armées. On assure qu'une erreur de noms contribua aussi à déterminer ce choix. Un général aurait favorisé de son crédit M. Pierre VIGNON, parce qu’il le confondait avec son architecte, nommé Barthélémy Vignon. M. Beaumont fut très généreusement récompensé, mais cet architecte en profita peu : ce changement de jugement lui causa un chagrin qu'il ne put surmonter, et auquel il ne survécut pas. M. Vignon était justement persuadé que des constructions neuves de cette importance ne peuvent se lier avec d'anciennes fondations d'un plan différent, sans s'exposer à des tassements inégaux, à des déchirements dans les murs, dans les voûtes, et à mille accidents, dont la réparation, toujours incomplète, coulerait plus que l'établissement de toutes les fondations d'une même époque, et sur un niveau réglé. Cet architecte fit donc démolir encore tout ce qui avait déjà été fait et défait par ses prédécesseurs, MM. Contant et Couture, et établit tout à neuf le Temple de la Gloire, suivant son plan adopté, jusqu'au retour de Louis XVIII, en 1814. |
Déjà les murs de la cella et les colonnes du péristyle du Temple de la Gloire étaient élevés, mais, à cette époque, la restauration ne partageait pas les idées de gloire de Napoléon, M. Vignon eut ordre de rendre ce monument au culte et de convertir son temple en église.
L'extérieur resta le même, l'intérieur subit beaucoup de changements, et à plusieurs reprises, sans qu'on réussit parfaitement à faire de ce vaisseau une église paroissiale, avec nef, chœur, bas-côtés, et avec toutes les convenances, nécessaires à l'usage du culte catholique. L'architecte Pierre Vignon mourut le 21 mai 1828, âgé de soixante-cinq ans, triste de ne pas avoir achevé son monument. Son corps, comme celui de l'architecte Wren à Saint-Paul de Londres, el celui de Soufflot à Sainte-Geneviève, fut inhumé sous le pronaos du temple de la Madeleine. M. Huvé, architecte, premier inspecteur de la Madeleine succédant à M. Vignon, fut chargé de continuer ce monument. Ce quatrième architecte ne fit pas connue ses prédécesseurs, il respecta la pensée de M. Vignon, et exécuta religieusement tous ses plans. La sculpture du fronton faite par M. Lemaire, elle représente Jésus-Christ séparant les bons des méchants à l'heure du jugement dernier. ![]() ![]()
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