Biographie de Philippe de Girard

Inventeur de la filature mécanique du lin


Pilippe de Girard
Philippe de GIRARD
né en 1775 à Lourmarin
décédé en août 1845

 


Philippe de Girard
naquit en 1775 à Lourmarin, sur les bords de la Durance. Il descendait d'une famille riche et considérée, et ses ancêtres avaient compté parmi les Vaudois les plus remarquables. Doué des plus brillantes qualités, il annonçait, étant encore enfant, qu'il serait un jour un homme distingué. Peinture, poésie, musique, mécanique, il excellait dans tous. La révolution vint interrompre ses études. La famille de Girard était noble, elle du quitter la France et s'exiler à Mahon. Abandonnant l'Espagne, il passa en Italie et fonda à Livourne une fabrique de savon. Pendant ce temps les évènements politiques suivirent leur cours, et bientôt il pu rentrer en France, et établir à Marseille la première fabrique de soude factice et une autre de produits chimiques. Il était depuis peu de mois à la tête de ces deux établissements, qui commençaient à prospérer, lorsque le 13 vendémiaire eut lieu et le força de reprendre le chemin de l'exil. Il se rendit à Nice, où, après deux concours successifs, il obtint la chaire de chimie et d'histoire naturelle, quoiqu'il eût à peine vingt ans. Il occupa cette position peu de mois seulement, et bientôt il revint à Marseille, où il fit un cours de chimie. C'est alors que, jouissant de la tranquillité nécessaire à ses études, il pu se livrer entièrement à travaux qui ne tardèrent point à donner de brillants résultats. Ainsi, en 1806, il envoya à l'exposition des produits de l'industrie une lunette achromatique, une machine à vapeur perfectionnée par l'expansion de la vapeur dans un seul cylindre, et la production du mouvement rotatoire sans balancier; une lampe hydrostatique inventée avec son frère Frédéric de Girard, et dont les ornements avaient été dessinés par M. Ingres, déjà grand prix de Rome, et des globes de verre dépoli que tout le monde emploie sans savoir à qui on les doit. Ces deux dernières inventions opérèrent une révolution dans l'éclairage, resté stationnaire depuis la lampe à courant d'air intérieur et les perfectionnements du quinquet. Une médaille d'or fut la récompense accordée à Philippe de Girard. Il vint se reposer dans sa famille, et rêver à de nouvelles découvertes. Un matin à table au petit déjeuner, son père lui donna le journal le Moniteur du 12 mai 1810 en lui disant "tiens Philippe, tu trouveras là dedans quelque chose qui te regarde"



Philippe prit le journal officiel et lut dans un décret ainsi conçu :
Article 1) Il sera accordé un prix d'un million de francs à l'inventeur, de quelque nation qu'il puisse être, de la meilleure machine propre à filer le lin
Article 2) A cet effet la somme d'un million est mise à la disposition de ministre de l'intérieur
Article 3) Notre présent décret sera traduit dans toutes les langues
Quelques jours après, il descendit à l'heure ordinaire du déjeuner et trouva toute la famille réunie comme la veille. Marchant vers son père et lui prenant les mains, il lui dit d'un air radieux " mon père, le million est à moi, il est à nous ! ". Puis saisissant quelques brins de lin qui avaient trempé dans l'eau, il fit glisser les uns sur les autres en leur imprimant un léger mouvement de rotation; il forma un fil d'une finesse extrême, et, en le montrant à l'assemblée haletante, il ajouta : " ce que je fais avec mes doigts, ma machine le fera, et ma machine est trouvée ". Elle l'était en effet, la tête avait conçu; il restait à exécuter.

Le 18 juillet 1810, Philippe obtint son premier brevet, voulant donner à ses procédés toute la perfection possible, il attendit encore deux ans, et ce ne fut qu'au commencement de 1813 qu'il établit une filature dans la rue Meslay , à Paris . Le concours devait être clos le 7 mai de cette même année; il était donc en mesure, et même le seul en mesure pour obtenir le prix d'un million. Les guerres de 1813 de 1814 étaient arrivées et les concours furent interrompus et
Philippe de Girard inventa les armes à vapeur pouvant tirer 160 coups par minute et percer à vingt pas la tôle à cuirasse . Sa dette de bon citoyen ainsi payée, il se remet à son œuvre et rentre dans sa filature, mais le moment est malheureux, il a tout sacrifié en comptant sur le million promis, et le million lui manque, il ne peut pas remplir ses engagements et se trouve en face d'une situation désastreuse "
toutes les ressources sont épuisées, écrit-il à son frère, toutes nos fabriques sont fermées (Les fabriques de toile de Lille et Saint-Quentin, qui lui achetaient ses fils). Il ne peut plus compter sur sa famille. Philippe de Girard et ses frères s'associèrent à deux hommes qui abusèrent indignement de leur confiance. Ils enlevèrent les dessins de leurs machines et les portèrent en Angleterre , où ils prirent patente et reçurent 25 000 livres sterling pour prix d'une aussi belle action. Cette patente est à l'Enrolment-office de Londres, tout le monde peut l'y voir et se convaincre que Philippe de Girard est le seul inventeur des procédés qui y sont décrits, ce livre de patente en est la preuve la plus évidente, et les écrivains les plus compétentes, Chaptal, Dumas, Charles Dupin, Pouillet, Wolowski; le rapport fait, le 24 août 1842, par M.Th. Olivier à la Société d'encouragement, et à la suite duquel la grande médaille d'or lui fut décerné. Une commission nommée par le gouvernement français condamna ses machines comme détériorant le lin et ne donnant que de mauvais produits. Ces machines, mauvaises en France, furent excellentes en Autriche, et le village d' Hirtimberg devint rapidement florissant et le centre de l'industrie linière en Allemagne. Ces succès appelèrent l'attention de l'empereur de Russie sur l'inventeur de procédés célèbres ailleurs qu'en France, et il voulut se l'attacher.

En 1826 il le nomma ingénieur en chef des mines de Pologne, et dans le serment qu'il reçu, lui réserva la qualité de Français, pour laquelle le patriote exilé avait fait des restrictions toutes spéciales. Là autour d'une grande filature mécanique de lin, une ville se fonda qui porte, avec les armoiries de Philippe de Girard, le nom de Girardow. Il inventa successivement, ses machines à peigner le lin, à enrubanner et à filer les étoupes, une vanne et un régulateur pour rendre le mouvement des roues hydrauliques uniforme, un dynamomètre, des générateurs de vapeur au moyen desquels les explosions sont sans danger, des bois et des canons de fusil à la mécanique, et bien d'autres machines et procédés ingénieux. En 1844 revint en France L'exposition de l'industrie s'ouvrait, les salles étaient pleines de ses inventions. Il mourut en août 1845 à l'âge de 70 ans. Amiens donna le nom de Philippe de Girard à une de ses rues, Lourmarin éleva une statue à son célèbre enfant et Lille érigea un monument destiné à glorifier l'industrie linière dans le département du Nord. Enfin, une loi fut votée par les trois grands corps de l'État pour accorder au frère et la nièce de Philippe de Girard une pension viagère, non comme payement du prix mérité, mais à titre de récompense nationale. Ce fut là un acte de justice et de séparation.
 


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date de création: le 19 août 2007