Biographie de Pestalozzi Jean Henri fils de Jean Baptiste



PESTALOZZI Jean Henri

PESTALOZZI Henri
né à Zurich en 1746
décédé à Bourg le 27 février 1827

 



Pestalozzi Henri, fils de Jean Baptiste Pestalozzi, médecin, est né à Zurich en 1746. Ayant perdu son père à l'âge de quatre à cinq ans, il dut sa première éduction à sa mère, qui fut à peu près son unique société. Plus tard, il fit des progrès rapides sous la direction de quelques savants de Zurich, ce qui toutefois ne combla pas les lacunes de son instruction de famille.

Dans sa dix septième année, un penchant irrésistible le fit entrer dans le barreau, où il se proposait surtout de venger les droits des habitants de la campagne, si méprisés et si avilis à cette époque; puis, changeant de projet à la mort de d'un ami qui devait le guider dans une carrière si difficile, il tourna les yeux vers les sciences rurales, toujours dans l'intérêt de ce même peuple de la campagne dont il voulait dissiper l'ignorance et la misère par la pratique raisonnée de l'agriculture. S'étant associé à cet effet une des premières maisons de Zurich, il s'en vit bientôt abandonné, lorsqu'il avait déjà acheté un grand nombre de terres en friche. Il continua néanmoins son entreprise, et composa même à cette époque un essai pour l'éducation des pauvres. Ruiné par les suites de son acquisition, et par une exploitation à laquelle toutes les ressources manquaient, il eut à supporter l'indifférence et l'abandon total de ses anciennes connaissances. Ce revers, tout en l'empêchant de suivre ses plans, ne l'arrêta pas dans son but de détruire la source de la misère du peuple. C'est dans cette vue qu'il publia successivement Léonard et Gertrude, Christine et Élise, un Traité sur la législation criminelle, et Mes Recherches sur la marche de la nature premier acheminement de sa méthode.

Forcé de resserrer le cercle de ses efforts, il se décida à devenir simple maître d'école à Stanz, dans le canton d'Argovie. Le nombre d'élèves s'éleva insensiblement jusqu'à quatre-vingts, presque tous d'un âge différent et également ignorants.

Quoique obligé, comme il le dit lui-même, d'être à la fois directeur, caissier, domestique, fille de service, dans une maison qui n'était pas préparée, au milieu de maladies de toute espèce, loin de succomber aux fatigues de soins si divers, il se sentit des forces nouvelles. A l'aide de sa méthode, qui consiste à bien fixer dans l'esprit tous les points élémentaires, fondée comme elle est sur la liaison étroite qui existe dans chaque branche de connaissance entre les points élémentaires et l'ensemble, il voyait se développer rapidement chez ses mêmes enfants un sentiment de force qui jusqu'alors leur avait était inconnu, et qui se joignait au sentiment général du beau, inséparable de celui de l'ordre.

Au milieu d'expériences qui lui profitaient si bien, et qui jetaient un grand jour sur son système, Pestalozzi Henri se vit tout à coup arrêté dans ses travaux par l'invasion des Autrichiens dans les petits cantons, ce qui lui fut d'autant plus pénible, que par ses mêmes travaux il voulait ouvrir des ressources nouvelles à quelques uns des cantons de Suisse, dont l'existence peu assurée était entre les mains de quelques fabricants qui fournissaient la matières premières pour la filature et le tissage.

Forcé d'abandonner Stanz, il eut, après tant d'efforts et de fatigues, la douleur de voir attribuer son départ à son inconstance, et à l'incapacité absolue de donner aucune suite à des projets fruits d'une imagination exaltée. Cependant quelques amis lui rendirent justice, et cherchèrent à lui être utiles. Le gouvernement helvétique, de son côté, s'intéressa à son sort, lui assigna une pension de quarante louis, et lui accorda un peu plus tard le château de Berthoud, ce qui lui permit de créer un pensionnat, et de faire l'essai d'un séminaire de maîtres d'école. Il eut en outre le bonheur de s'adjoindre trois dignes collaborateurs, et le gouvernement, tout en portant sa pension à cent louis, promit d'envoyer à son séminaire des régents de toutes les parties de la Suisse, en même temps qu'il lui délivra un privilège exclusif pour l'impression de ses livres élémentaires.

Refusant tous les jours de nouveaux élèves, il alla se fixer, en 1805, au château d'Iverdun, qui lui fut accordé parle grand conseil du canton de Vaud, et, secondé par d'excellents élèves qu'il avait formés, et des hommes connus par leurs talents et leur philanthropie, il donna à son institut toute l'extension dont il était susceptible. Mais sa méthode, calculée seulement pour les besoins du peuple, n'était pas encore assez mûrie pour l'instruction des enfants riches qui affluaient dans institut; l'exigence des parents, la difficulté de trouver des maîtres instruits, bien capable d'appliquer sa méthode dans toute sa pureté, la différence de mœurs et d'habitudes des élèves, et surtout une fatale mésintelligence qui régna trop longtemps entre les principaux collaborateurs du vertueux et vénérable Pestalozzi, hâtèrent la déchéance et la ruine de institut; et ce vieillard, accablé de douleurs et d'infirmités, se retira à Neuhof dans une petite propriété qu'il avait acquise depuis longtemps, et n'y vécut que quelques années.

Le 27 février 1827, il mourut à Bourg, dans ce même canton d'Argovie, laissant un fils qui n'a point suivit la carrière de l'instruction, et de nombreux disciples qui répandent l'excellente méthode de cet illustre instituteur, dans diverses parties de l'Europe, surtout en France, en Suisse et en Angleterre.
 

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