Biographie de Louis Jean Marie Daubenton



Louis Jean Marie DAUBENTON
né le 29 mai 1716 Paris

décédé le 31 décembre 1799

 

Louis Jean Marie Daubenton , médecin et naturaliste, membre de l’académie des sciences, naquit en Bourgogne le 29 mai 1716, de Louis Jean Marie Daubenton, notaire, et de Marie Pichenot. Son père, qui le destinait à l’état ecclésiastique, lui en avait fait prendre l’habit dès l’âge de douze ans. Mais l’habit ne fit point la vocation. Le jeune Daubenton sentit bientôt naître en lui des penchants qui ne s’accordaient point avec les vues paternelles. Envoyé à Paris pour y suivre les cours de théologie, il se livra secrètement à l’étude de la médecine, et surtout à celle de l’anatomie. Il suivit, dans ce même jardin des Plantes où il devait professer un jour, les leçons de Winslow, d’Hunauld et d’Antoine de Jussieu.

La mort de son père étant survenue, il put abandonner la carrière ecclésiastique et embrasser librement la vocation où l’appelaient ses goûts. En 1741, après avoir pris ses degrés à Reims , il alla exercer la médecine dans sa ville natale. Vers le même temps, un ami d'enfance de Daubenton commençait à jeter à Paris les fondements de sa réputation et de sa fortune, cet ami était Buffon. Nommé intendant du jardin du roi, l’illustre naturiste avait conçu le plan du grand ouvrage qui devait immortaliser son nom. Un collaborateur lui était indispensable pour la partie descriptive et anatomique d'Histoire naturelle. Nul ne connaissait mieux que lui la modestie et le savoir de Daubenton. Il le fit revenir à Paris en 1742 . C’était un choix également heureux, et pour celui qui en était l’objet, et pour celui qui l’avait fait.

Nommé en 1745, par le crédit de Buffon, garde et démonstrateur du cabinet d'histoire naturelle, qui n'avait été jusqu'alors que de simple droguier de Geoffroy, Louis Jean Marie Daubenton se trouva là véritablement dans une sphère. Il rangea, suivant un ordre méthodique, les productions que renfermait le cabinet. Il y ajouta de nombreuses richesses recueillies de toutes parts, et de belles préparations anatomiques exécutées sous ses yeux. Il devint, en un mot, le créateur de cette collection magnifique. Doué d'un esprit juste, exact, patient, Daubenton joignait à ces précieuses qualités une si grande défiance de lui-même, qu'il ignorait sa propre valeur : « il ne sait pas toutes les découvertes dont il est l'auteur » disait Camper. Quelques flatteries maladroites suggèrent à Buffon la pensée que la partie descriptive ne contribuait ni au mérite ni au succès de son ouvrage; ce fut, pour le brillant écrivain, un double malheur: l'édition (in-12) dans laquelle il supprima cette partie, fut trouvée incomplète, et il eut en outre le chagrin d'avoir froissé vivement le plus dévoué de ses amis. Daubenton eût pu plaider contre Buffon qui l'excluait ainsi d'une œuvre concertée en commun; il en fut empêché par son amour pour la science, se brouiller avec l'intendant du jardin du Roi, c'était renoncer au poste qu'il était si heureux d'occuper; il aima mieux dévorer l'affront que d'abandonner à un autre le soin de ses chères collections.

Ce ne fut au reste, entre les deux amis, qu'un nuage passager, et Buffon, mieux inspiré, mit plus tard à profit, dans son « histoire des minéraux », les leçons que faisait Daubenton au Collège de France. Comme professeur, Daubenton rendit de grands services à la science, dont il contribua à étendre le domaine; il avait obtenu que l'on convertit en chaire d'histoire naturelle une des chaires de médecine du Collège de France : cette chaire lui fut donnée en 1778. Il occupa celle de minéralogie au jardin du Roi quand la Convention eut érigé cet établissement en école publique sous le nom de « Muséum d'histoire naturelle». En 1783, il avait professé l'économie rurale à l'école d'Alfort.

Il fit, en 1795, quelques leçons d'histoire naturelle à l'École Normale. On peut juger des travaux de Daubenton par le nombre et l'importance de ses ouvrages. La seule partie descriptive de l'histoire naturelle comprend 182 espèces de quadrupèdes. Les articles d'histoire naturelle contenus dans l'Encyclopédie sont de Daubenton; il a travaillé aussi au « Magasin encyclopédique et à la collection académique de Berryot ». On trouve dans les mémoires de l'Académie des sciences plusieurs dissertations écrites par lui sur divers points importants de l'histoire naturelle des animaux et des minéraux. Nous citerons encore :
le Tableau méthodique des minéraux, in-8°, 1784
le Mémoire sur le premier drap de laine super fine du cru de France, in-8°, 1784
L'inscription pur les bergers et les propriétaires de troupeaux, in-8°, 1782.

Avant d'écrire cet ouvrage, Louis Jean Marie Daubenton avait mis beaucoup de zèle à propager en France la race des moutons espagnols; cela lui fut d'une grande utilité, en 1793, pour obtenir un certificat de civisme dont il avait besoin, quelqu'un eut l'idée de le présenter à la section sous la qualification de berger, et le certificat lui fut délivré sans difficulté. Daubenton était un travailleur infatigable; à 83 ans, il s'occupait encore du classement et de la disposition des minéraux du cabinet d'histoire naturelle , et il acceptait les fonctions de Sénateur, sans renoncer à sa chaire du Collège de France : Mon ami, répondit-il à un de ses collègues qui lui offrait de le soulager dans son enseignement, je ne puis être mieux remplacé que par vous; lorsque l'âge me forcera à renoncer à mes fonctions, soyez certain que je vous en chargerai. La seule distraction qu'il se permit au milieu de ses travaux, était la lecture de romans, de contes et d'autres ouvrages légers, plaisir qu'il partageait avec sa femme; il appelait cela mettre son esprit à la diète. Ce même zèle qui l'avait soutenu dans ses investigations scientifiques. Daubenton s'était promis de l'apporter dans les discussions du sénat, mais la tâche qu'il s'imposait était au dessus de ses forces.

Frappé d'apoplexie, au milieu d'une séance, il expirait quatre jours après, le 31 décembre 1799. Observateur de la nature, jusque dans ses derniers moments, il promenait, sur les diverses parties de son corps, ses doigts restés sensibles, et il indiquait aux assistants les progrès de la paralysie.
 

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Biographie de Louis Jean-Marie DAUBENTON


date de création : le 19 août 2007