Biographie de Frère Cosme (Jean Baseilhac)


Frère Cosme

Jean Baseilhac dit Frère Cosme
né en 1703 à PouyAstruc (Bigorre)
décédé le 8 juillet 1781



Cosme (Jean Baseilhac dit Le Frère Cosme) , naquit en 1703, à PouyAstruc (Bigorre) dans une famille de chirurgiens. Son grand-père, son père et son oncle, tous maître en chirurgie, hommes de mérite et très expérimentés dans leur art, dirigèrent ses premières études et lui enseignèrent les éléments d'une science dont il devait reculer les limites. Après avoir reçu les leçons de son père, qui exerçait à Tarbes, Jean Baseilhac se rendit chez son oncle, qui habitait Lyon . Cette ville dotée de grands hôpitaux, offrait plus de ressources à ses investigations scientifiques. Il y fréquenta souvent l'Hôtel-Dieu et parvint à s'y faire admettre en qualité de chirurgien. Son assiduité au travail, la générosité de sa conduite, la douceur de ses relations le firent aimer des malades et des chefs de l'établissement. Chaque jour il étendait sa réputation de science et d'habileté pratique. L'évêque de Bayeux, François de Lorraine, vieillard maladif et bienveillant, l'appela près de lui, l'attacha à sa maison, et lui fourni les moyens d'augmenter encore ses connaissances. Jean Baseilhac, pu alors céder à ses inclinations généreuses : véritable chirurgien évangélique, il se mit à prodiguer ses soins aux pauvres en même temps qu'il les aidait de sa bourse.
L'évêque de Bayeux mourut en 1728, en léguant à son protégé une somme d'argent destinée à payer les frais de sa maîtrise, et assortiment complet d'instruments de chirurgie, Jean Baseilhac avait contracté, à l'évêché, des habitudes de piété qui s'alliaient avec son caractère tranquille : il résolut, après la mort de son bienfaiteur, d'embrasser la vie monastique, et fit choix de l'ordre des Feuillants. Cependant le désir de poursuivre ses études et de continuer à donner ses soins aux malades fit qu'il hésita longtemps avant de se plier par des vœux. Les supérieurs du couvent où il voulait entrer ayant pris l'engagement de lui laisser toute sa liberté, la difficulté se trouva levée, et Jean Baseilhac fit profession sous le nom de Frère Cosme. Il se dévoua comme par le passé aux pauvres qui réclamait ses secours. On venait des communes environnantes et même des provinces éloignées. Parmi les malades qui assiégeait a porte, il s'en trouvait beaucoup qui souffraient d'accidents occasionnés par l'opération de la pierre.
Cette circonstance lui inspira de longues réflexions, et, à la suite d'observations nombreuses, il entrevit la possibilité de pratiquer cette importante opération à l'aide de moyens moins dangereux que ceux qui étaient alors en usage. On opérait encore par le grand appareil; seulement l'empirique Baulot, connu sous le nom de Frère Jacques, bien qu'il n'eût d'un religieux que l'habit, n'appartenant à aucun ordre, venait d'imaginer la taille latérale, qui lui avait valu de brillants succès et beaucoup de renommée. Jean Baseilhac perfectionna la découverte de Baulot; il inventa le lithotome, instrument qui, en permettant de prendre un point d'appui, et en fournissant une mesure certaine, faisait disparaître tous les inconvénients et tous les dangers des méthodes antérieures.

C'était une invention d'une telle importance, que Jean Jean Baseilhac n'osa lui donner une publicité immédiate : il se défiait des illusions de son amour propre. Après deux années consécutives d'expérimentation, et ce ne fut qu'après ce temps d'épreuves toujours réussies qu'il se décida à tenter l'opération sur un sujet vivant. Un marchand de chaux, nommé Leroy, domicilié à Melun, vieillard sexagénaire, d'une complexion délicate, et qui, depuis trois ans souffrait de douleurs aiguës, vint s'offrir à lui, réclamant ses secours; il l'opéra. En moins de trois semaines, le malade, radicalement guéri, fut en état de reprendre ses travaux. Jean Baseilhac publia cet heureux résultat dans le journal de Verdun, avec la description du lithotome. Des critiques s'élevèrent, l'instrument, adopté avec enthousiasme par les uns, fut vivement attaqué par les autres. Pour toutes réponse à ses détracteurs, Jean Baseilhac démontra que l'opération faite par le nouveau procédé guérissait à peu près douze malades sur treize, tandis que par l'application des anciennes méthodes, il périssait environ la moitié des sujets opérés.

Ainsi l'habile chirurgien établissait que, sur trois cent trente malades, il en avait parfaitement guéri trois cent seize. Le lithotome caché après ces premières traverses auxquelles sont soumises toutes les inventions nouvelles, conquit donc sa place dans la trousse des maîtres en chirurgie. Les pierreux affluèrent chez Jean Baseilhac ; il fut obligé de s'associer avec son neveu, puis des chirurgiens élèves, afin de répondre à toutes les demandes de secours. Le prix des opérations était volontaire; souvent même il arrivait que Jean Baseilhac repoussait l'argent qui était offert par des pères de famille : «Gardez le, disait-il, je ferai tort à vos enfants» . Comme il vivait en cénobite et ne dépensait rien, il consacra l'argent des riches à la fondation d'un hospice pour les pauvres, près de la porte Saint-Honoré, à Paris. Dans cet établissement, les indigents trouvèrent des conseils et des secours gratuits. Les opérés y étaient gardés et soignés jusqu'après leur guérison Jean Baseilhac les congédiaient rarement sans leur avoir fait quelque aumône, pour acheter des vêtements, attendre du travail ou retourner chez eux en province. Avec le lithotome de son invention, il fit ainsi plus de mille tailles; aussi avait-il acquis à le manier une dextérité incomparable. Le génie inventif de Jean Baseilhac ne se borna point à cette découverte; il imagina près de vingt autres instruments de chirurgie; il en perfectionna un plus grand nombre. On lui doit le trois-quarts courbe destiné à faire la ponction au-dessus du pubis, dans les cas de rétention d'urine; il munit cet instrument d'une crénelure pour donner issue au fluide. Les maladies des yeux, entre autre l'affection de la cataracte, furent aussi l'objet de ses études. Jusqu'alors on avait pratiqué l'opération de la cataracte par la méthode de l'abaissement; il pensa qu'on obtiendrait, par l'extraction du cristallin, un résultat meilleur et plus complet, et imagina des instruments qui lui donnèrent plein succès. Il en fit usage pour la première fois le 1er juillet 1750 : le malade recouvra la vue et guérit. Le 8 juillet 1750, nouvelle tentative sur un vigneron; l'opération fut si bien menée, que ce brave homme put retourner chez lui, à pied et sans guide, dans les jours du mois suivant. Jean Baseilhac fit coup sur coup plus de cinq cents opérations de la cataracte; sa clientèle, principalement composée de pauvres gens à qui il ne demandait aucun salaire, était immense, et il s'y consacrait avec un dévouement infatigable.

Sa vie austère, il ne se nourrissait que de légumes. Il ne se décida à boire du vin que pendant les dernières de sa verte vieillesse et afin de pouvoir, en prolongeant ses forces, se dévouer plus longtemps au soulagement des souffrances humaines. Son unique délassement était de cultiver un petit jardin attenant à son laboratoire.

D'un caractère doux, patient, résigné, il avait cependant le premier abord rude et glacial; mais cette glace se fondait après les premières paroles échangées; alors il devenait expansif, causeur; sa repartie était fine, vive et spirituelle.

Tous ceux qui le fréquentaient s'attachaient à lui. IL eut pour amis les hommes les plus distingués de son temps; Duvernay, Morand, Guérin, Levret, Lapeyronie composaient sa société habituelle.

Cet homme de bien mourut le 8 juillet 1781, dans sa soixante dix neuvième année; les pauvres ressentirent si vivement la perte qu'ils faisaient, que trois fois ils forcèrent la porte du cloître pour aller verser des larmes sur le cercueil de leur bienfaiteur.
 


le lithotome

retour biographie des hommes utiles
retour biographie des hommes utiles

date de création: le 19 août 2007

Biographie de Jean BASEILHAC