![]() Né à Paris le 18 septembre 1732 décédé à Auteuil le 9 janvier 1833 |
Un de nos plus grands géomètres, membre de l' Académie des sciences, du bureau des longitudes, ancien examinateur des élèves de l'école Polytechnique, de l'artillerie et du génie. Sa longue carrière fut consacrée tout entière aux sciences mathématiques et à leurs applications les plus élevées. Ils les a enrichies de nouvelles méthodes de calcul, de théorèmes féconds en conséquences importantes. C'est un spectacle bien digne d'admiration que ce cours non interrompu de plus de seize lustres de recherches et de découvertes, d'efforts et de succès. Legendre fut un des disciples de l'abbé Marie, dont la mémoire sera toujours chère aux sciences. Il n'avait que dix-sept ans lorsqu'il soutint, en présence de l'Académie des sciences, une thèse sur des questions de hautes mathématiques, et l'éclat de ce début fut comparé à celui des premiers essais de Pascal et de Clairault . En 1774 l' abbé Marie le fit nommé professeur de mathématiques à l'école militaire, où il trouva encore assez de temps pour suivre ses études savantes : il assembla alors les matériaux des mémoires qu'il publia successivement et qu'ils lui ouvrirent, en 1783, année où la sciences perdit Euler et d'Alembert, les portes de l'Académie des sciences de Paris. Peu de temps auparavant, la balistique avait été le sujet d'un mémoire couronné par l'Académie de Berlin, qui ne tarda pas à mettre l'auteur au nombre de ses membres. Ce fut à la mécanique céleste qu'il fit les plus heureuses applications de ses méthodes analytiques. Il s'agissait alors d'achever le magnifique édifice commencé par Newton, et de placer les lois générales de l'univers, énoncées par ce grand génie, au nombre des vérités les mieux constatées dont se composent les sciences humaines. En France, Lagrange, Laplace et Legendre, et en Italie Plana, ont travaillé sans relâche à recueillir et cultiver l'héritage du géomètre anglais. Un des mémoires de Legendre eut pour objet le calcul de l'attraction des sphéroïdes, et ses recherches donnèrent naissance à des théorèmes qui servent encore de bases à la théorie actuelle. Dans un second mémoire, il s'occupa de la figure que doit prendre, en vertu des lois qui régissent la manière, une planète supposée fluide, dans le cas où cette planète est homogène, et dans celui où elle composée de couches différentes. En 1787, il se fit sur la côte d' Angleterre, voisine de la France, une opération trigonométrique pour obtenir avec précision, la différence de longitude entre l'observatoire de Greenwich et celui de Paris, le gouvernement français ayant jugé convenable d'y envoyer une commission, Legendre en fit partie, et produisit à cette occasion un théorème fort et fort utile pour la résolution des triangles sphériques tracés à la surface de la terre et dont les côtés sont très petits. Après la chute de Robespierre il quitta la campagne où un ami lui avait donné asile, il fut nommé chef du bureau des poids et mesures. Aussitôt que L'Institut national fut formé, il y fut appelé et prit la grande part, comme géomètre, au grand travail du nouveau Système métrique. Ce fut lui qui répéta toutes les opérations et vérifia tous les calculs par des m méthodes qui lui étaient propres et qu'il avait consignées d'un mémoire particulier Cependant, Legendre, ne se livra pas exclusivement aux questions d'astronomies physique ou de géodésie, un penchant irrésistible l'entraînait vers les pénibles recherches sur les propriétés des nombres, il se plaisait à lutter contre les difficultés de ces matières. Les fruits des ses longues méditations furent d'abord conservés dans les mémoires de l'Académie des sciences, puis rassemblés dans un ouvrage spécial, sous le titre modeste d'Essai sur la théorie des nombres. Parmi les nombreux théorèmes que cet ouvrage renferme, on remarque surtout celui qu'il a appelé loi de réciprocité. Il publia encore une nouvelle méthode pour la détermination des orbites des comètes. En 1805, un autre mémoire exposa la célèbre Méthode des moindres carrés des erreurs. Mais il n'oublia pas la jeunesse studieuse, et il composa pour elle les Eléments de géométrie, livre traduit dans toutes les langues de l'Europe et adopté par toutes les universités. Sincèrement ami des sciences pour elles mêmes et non pour les avantages qu'elles lui avaient procurés, il apprenait avec une vive satisfaction que de jeunes émules marchaient sur ses traces et parcouraient à grands pas la carrière qu'il leur avait ouverte. Le jour où les mémoires d' Abel et de Jacobi sur la Théorie des fonctions elliptiques furent mis sous ses yeux, fut un des plus agréables de sa vie. Il vit que ces jeunes géomètres avaient étendu ses vues et leurs applications, il prévit les acquisitions que la science allait faire; ses vœux étaient exaucés. Le nom de Legendre doit être ajouté à la liste des géomètres dont les travaux se sont prolongés jusqu'à la mort. Au moment où il sentit les atteintes de la maladie qui termina ses jours, il mettait la dernière main à son troisième volume sur les fonctions elliptiques. Ainsi Euler mourut en achevant un calcul sur la force ascensionnelle des ballons; Lagrange , en publiant la deuxième édition de la Mécanique analytique, Laplace, en achevant le cinquième volume de la Mécanique céleste. La maladie de LegendreLegendreLegendre fut longue et douloureuse, et il ne s'en dissimulait point le résultat. Cette perspective et les souffrances qu'il éprouvait n'affaiblirent en rien son courage, et trouvèrent une âme saine forte dans un corps menacé d'une dissolution prochaine. Il se félicitait d'avoir employé toute sa vie à des travaux qui, encore après lui, devaient servir à l'instruction de la jeunesse. Dans ses divers ouvrages il ne voyait que quelques progrès de plus pour la science, mais il n'en tirait aucune vanité, car jamais il ne voulait les faire annoncer. « S'ils sont bons, disait-il, on les connaîtra tôt ou tard, je ne veux pas occuper le public avec moi ». Cette même modestie l'engagea à laisser en mourant une lettre adressée au président de l'l'Institut, dans laquelle il le priait de faire connaître qu'il ne voulait aucun éloge, pensant que ses ouvrages en tiendraient lieu pour ceux qui les trouveraient utiles. D'après cette recommandation expresse, le président de l'Institut ne parla pas des travaux du géomètre, et ne fit point l'éloge d'un homme que toute l' Europe environnait de son estime Il fut enterré à Auteuil, comme il l'avait demandé. « A un intervalle de mois d'une année, dit M. Poisson en terminant son discours sur la tombe de son collègue, Cuvier a été enlevé aux sciences naturelles et Legendre aux sciences mathématiques. La mort dans une cruelle équité, a frappé au faîte les deux divisions de notre académie ». |